En dépit de ses efforts pour réguler la filière vanille depuis 2020 en imposant un prix plancher, Madagascar, premier producteur mondial, doit aujourd’hui reconsidérer sa politique. Le président Rajoelina a annoncé la libéralisation, mais l’objectif principal demeure d’assurer un revenu décent aux paysans planteurs malgaches. Cette décision est prise suite aux difficultés rencontrées pour maintenir un équilibre dans le marché, et éviter une chute abrupte du cours de la vanille. La filière vanille, source de fierté pour le pays, est également perçue comme un cauchemar en raison des variations de prix qui impactent directement les revenus des agriculteurs. Ainsi, la révision de la politique vise à équilibrer les intérêts économiques avec la protection des communautés locales. Les autorités malgaches s’efforcent donc de trouver un équilibre délicat entre ouverture du marché et maintien d’un niveau de revenu décent pour les producteurs, dans l’espoir de sauver cette industrie cruciale pour l’économie du pays.
Fixation du prix de la vanille
Lors d’une réunion à Antananarivo en avril, les acteurs de la filière vanille à Madagascar se sont penchés sur la question cruciale du prix de vente du kilo de vanille. Quelques jours avant cette rencontre, à Sambava, Andry Rajoelina avait annoncé la libéralisation du prix de la vanille, lors d’un rassemblement dans un gymnase local. Cette annonce revêtait une importance particulière dans cette région, cœur battant de la production de vanille à Madagascar, et prenait une dimension politique dans le contexte de l’année électorale en cours, comme le mentionnait son tweet.
Le président Rajoelina, dans cette perspective de libéralisation, a également évoqué diverses mesures pour le développement de la filière vanille, telles que la simplification des procédures d’agrément pour les exportateurs, la facilitation des contrôles locaux, et une libéralisation progressive de la filière afin de libérer son plein potentiel. Ces propositions ont été présentées dans une plaquette accompagnant son tweet, mettant en avant les perspectives et les solutions envisagées pour soutenir durablement l’industrie de la vanille à Madagascar, qui constitue un pilier essentiel de l’économie locale.
Conséquences de la libéralisation du prix
La filière vanille à Madagascar fait face à une décision majeure : la suppression du prix plancher de 250 dollars par le Conseil national de la vanille (CNV), politique appliquée depuis 2020. Cette mesure intervient dans un contexte difficile, marqué par une accumulation de stocks pour la saison en cours, résultant en une diminution significative des exportations de vanille malgache, qui ne cesse de baisser.
Cette libéralisation de la fixation des prix entraînerait un retour à la loi du marché, où l’offre et la demande détermineraient la valeur de la vanille. Les fluctuations des cours de la vanille au fil des années ont été importantes, souvent influencées par des événements extérieurs tels que les dommages causés par les cyclones. Malgré les variations, Madagascar demeure un acteur majeur dans le marché mondial de la vanille, contribuant à 80% des exportations mondiales de cette épice avec une consommation annuelle de 3000 tonnes. Ces exportations génèrent des rentrées de devises oscillant entre 500 et 800 millions de dollars, ce qui représente environ 6 à 7% du produit intérieur brut (PIB) du pays, selon les données des autorités malgaches pour l’année 2022.
Une décision qui ne fait pas l’unanimité
Après l’annonce de la libéralisation des exportations de vanille à Sambava par Andry Rajoelina, des divergences d’opinion apparaissent parmi les acteurs de la filière. Malgré le rassemblement gouvernemental, les problèmes persistent, comme l’indique la fédération de vanille de Sahanala après son assemblée générale à Ambanja. Les prix de la vanille fixés à 75 000 Ar/kg pour la vanille verte et 500 000 Ar/kg pour la vanille préparée semblent répondre aux besoins des paysans, soutenant ainsi une filière équitable et responsable, d’après leur point de vue. Maintenir ces prix planchers est une mesure efficace pour stabiliser la crise persistante dans l’industrie de la vanille.